LES ELECTIONS ISRAELIENNES DU 17 MARS 2015 VOTE DE CLASSE, VOTE ETHNIQUE ET VOTE IDENTITAIRE

Publié le par Philippe VELILLA

Cet article a été publié dans la revue Pouvoirs n° 156-2016
Cet article a été publié dans la revue Pouvoirs n° 156-2016

LES ELECTIONS ISRAELIENNES DU 17 MARS 2015

VOTE DE CLASSE, VOTE ETHNIQUE ET VOTE IDENTITAIRE

Les élections du 17 mars 2015 en Israël ont reconduit au pouvoir la droite, et son chef, Binyamin Netanyahou. Contre toute attente, celui-ci a remporté une victoire personnelle en imposant ses thèmes, et d’abord celui de la sécurité, dans une région où la menace islamiste progresse. Le contexte international a largement contribué à renforcer chez les Israéliens le sentiment qu’il ne fallait prendre aucun risque de voir fléchir la détermination affichée par leur gouvernement. Ce schéma a d’autant mieux fonctionné que la gauche n’a pas su renouer avec les classes populaires qui se retrouvent beaucoup mieux dans un discours faisant la part belle à une identité israélienne fondée sur la tradition et la défense de l’Etat.

« C’est un magicien ! » C’est avec ce slogan scandé par ses partisans que Binyamin Netanyahou fut accueilli le 17 mars au soir au quartier général du Likoud. En effet, on pouvait imaginer que le Premier ministre sortant avait mis en œuvre une alchimie très particulière pour transformer en victoire éclatante une situation où il était encore en difficulté trois jours auparavant. On pourrait épiloguer longtemps sur les erreurs commises par les instituts de sondage et les journalistes israéliens et étrangers. En fait, les analystes ne s’étaient guère trompés : c’est bien en trois jours que Binyamin Netanyahou a réussi à retourner la situation avec un blitzkrieg médiatique [1] où il sut jouer sur les ressorts d’une population en proie au doute et à l’incertitude. Binyamin Netanyahou a réussi à inverser l’ordre de priorité des thèmes de la campagne électorale, en imposant la question de la sécurité en tête des préoccupations devant la question sociale. Sans surprise, les sondages montraient que les Israéliens faisaient plus confiance à la gauche pour améliorer la situation sociale et à la droite pour garantir leur sécurité. Mais ce jeu n’était pas à somme nulle. Une autre question, souvent masquée, devait départager les protagonistes : celle de l’identité.

Social versus sécurité

Lorsque fin 2014, Binyamin Netanyahou met en œuvre le processus qui aboutira à la dissolution de la XIXème Knesset élue en 2013, il entend disposer d’une coalition majoritaire plus conforme à ses vues. Deux de ses ministres parmi les plus importants, les centristes Tsipi Livni et Yaïr Lapid, ont refusé de soutenir son projet de loi fondamental définissant l’Etat d’Israël comme un Etat juif. Les arguments des opposants sont clairs : définir ainsi l’Etat d’Israël reviendrait à considérer les Arabes israéliens (qui constituent 20 % de la population) comme des citoyens de seconde zone, et à compliquer un peu plus les relations avec les Palestiniens. Une seconde raison emportera la décision de Yaïr Lapid, ministre des Finances et dirigeant du parti Yesh Atid (« il y a un avenir »), de passer à l’opposition : il s’est fait élire sur la base d’un programme de défense du pouvoir d’achat des classes moyennes, et Binyamin Netanyahou refuse sa proposition d’abaisser à 0% la TVA pour l’acquisition d’appartement par les jeunes couples.

Une campagne de type référendaire

En fait, Binyamin Netanyahou n’a jamais aimé cette coalition où les partis ultra-orthodoxes ne siègent pas au gouvernement. Toute la stratégie politique de ‘Bibi’ depuis sa première élection (1996), est fondée sur la recherche d’une alliance de la droite – de toute la droite, du Likoud aux partis d’extrême droite – avec les partis ultra-orthodoxes. La participation de ces derniers à une coalition présente beaucoup d’avantages : s’intéressant peu aux questions diplomatiques et militaires, ils laissent les mains libres au Premier ministre sur ce plan. Soucieux de défendre les familles nombreuses qui constituent leur électorat, ils servent souvent de caution sociale à une politique économique libérale. Seul inconvénient : leur participation coûte cher aux finances publiques qui doivent subventionner largement leurs associations et leurs systèmes scolaires. Ainsi, pour rallier les partis Shas (ultra-orthodoxes séfarades) et Yaadout a Thora (ultra-orthodoxes ashkénazes) Binyalin Netanyahou a pris des engagements dont le coût budgétaire est estimé à 8 milliards de shekels (environ 2 milliards d’euros).

Binyamin Netanyahou ne laissera pas passer l’occasion de se débarrasser des deux partis centristes, le parti Ha Tenouha (le mouvement) de Tsipi Livni et Yesh Atid : il explique qu’il veut désormais une majorité cohérente et forte pour un mandat clair à l’heure où le pays est confronté à la menace iranienne et au développement des agressions islamistes dans la région. En décembre 2014, rien ne laisse penser que Binyamin Netanyahou court un danger. La guerre à Gaza de l’été (l’opération « bordure protectrice ») s’est conclue par un certain succès. Les raids aériens de Tsahal ont fortement endommagé la puissance de feu du Hamas. L’intervention des troupes terrestres à la fin de l’opération a permis de détruire la plupart des souterrains creusés pour atteindre le territoire israélien. Sur le plan économique, la situation est plutôt bonne. La croissance a encore été de 2,8 % en 2014, malgré un troisième trimestre marqué par la guerre, et le taux de chômage est de 5,7 %. La majorité des Israéliens manifeste néanmoins un grand mécontentement en raison de la vie chère qui les avait fait descendre dans la rue lors du puissant mouvement social de l’été 2011. Cette question va occuper une large place au cours de la campagne électorale.

Formulée comme une demande de soutien à la politique du Premier ministre sortant, l’élection va tout naturellement se transformer en référendum pour ou contre lui. D’autant que sa personnalité se prête bien à cet exercice : doté d’un charisme évident, autoritaire et cassant, il sait tenir tête aussi bien à ses partenaires de la coalition qu’aux grands de ce monde. On ajoutera qu’une campagne de presse visant particulièrement son épouse, et ses dépenses pour la résidence officielle aux frais du contribuable israélien, contribuera aussi à fortement personnaliser le vote du 17 mars 2015. Ce ne fut pas la seule dimension de ce scrutin qui va voir le système partisan évoluer sous l’effet de la modification de la loi électorale.

Les conséquences de la hausse du seuil d’éligibilité

Depuis la création de l’Etat (1948), les élections se déroulent à la proportionnelle intégrale, le pays formant une seule circonscription, les électeurs votant pour une liste de 120 candidats correspondant au nombre de sièges à pourvoir. Initialement fixé à 1 %, le seuil d’éligibilité avait été porté à 1,5 % puis à 2 %. En 1994, la Knesset décide de le porter à 3,25 %. Les arguments en faveur de ce changement sont simples : il s’agit de renforcer la stabilité gouvernementale, en empêchant des formations ultra-minoritaires de renverser l’exécutif. Un seuil d’éligibilité trop bas encourage l’émiettement du paysage politique. Ainsi, dans la XIXème Knesset (2013-2015), on comptait douze groupes parlementaires. Avec le seuil de 3,25 %, la XXème élu le 17 mars 2015 n’en compte plus ‘ que’ neuf.

Cette réforme va empêcher la représentation d’un deuxième parti ultra-orthodoxe séfarade : le parti Yahad (Ensemble) formé par Elie Ishaï pour concurrencer le parti Shas que son éternel rival, Arié Deri, a réussi à reconquérir. Yahad échouera de quelques milliers de voix à se voir représenté à la Knesset. Lors du dépouillement, les dirigeants d’autres formations, Avigdor Lieberman pour Israël Beitenou (Israël, notre maison) à l’extrême droite, et Zehava Galon pour Meretz à l’extrême gauche, ont pu craindre de ne pas franchir ce seuil. Nul doute que cette évolution découragera à l’avenir les dissidences. La hausse du seuil d’éligibilité pourrait même encourager les regroupements. Cela a sans doute joué pour convaincre Tsipi Livni, et son petit parti centriste de s’allier au Parti travailliste pour former le « Camp sioniste ».

C’est surtout du côté des partis arabes que la hausse du seuil d’éligibilité a produit des effets politiques importants. Jusqu’à présent, la représentation des Arabes israéliens était éclatée entre communistes [2], islamistes et nationalistes. Ces trois composantes, craignant de ne pas franchir le seuil d’éligibilité, décidèrent de se rassembler en une « liste unifiée ». Cette stratégie a été couronnée de succès. D’une part, elle a encouragé la participation des électeurs arabes, traditionnellement faible, permettant l’élection de 13 députés de cette liste, contre 11 lors du scrutin précédent, le ‘parti arabe’ devenant le troisième groupe de la Knesset. Si un gouvernement d’union nationale devait être formé, hypothèse qui ne peut être jamais être exclue en Israël, le leader de la liste, l’avocat communiste Ayman Odeh, deviendrait le chef de l’opposition ! [3] Ce résultat marquant a également été le produit d’une campagne dynamique centrée sur le thème de l’égalité des droits entre Arabes et Juifs qui a particulièrement séduit les jeunes électeurs. Du côté des partis juifs, les questions économiques et sociales ont également occupé une large place dans la campagne.

La question sociale

Le Camp sioniste promet d’augmenter les budgets consacrés à l’éducation, à la santé et aux services sociaux. Mais dans une situation de quasi plein emploi, la question dominante en matière sociale est celle du pouvoir d’achat. D’autant qu’en Israël, pays de bas salaires, la hausse du coût de la vie est toujours vivement ressentie. Particulièrement dans le domaine du logement, où entre 2008 et 2013, les prix ont augmenté de 55 % à l’achat et de 30 % à la location. Dans ce domaine, la gauche a de sérieux concurrents au centre. Le parti de Yaïr Lapid, on l’a vu, promettait de faciliter l’accès à l’achat d’un logement par les jeunes couples. Son parti Yesh Atid trouvant son électorat dans les classes moyennes urbaines, parviendra à conserver 12 sièges sur les 19 qu’il avait obtenu en 2013. Mais c’est surtout un nouveau venu dans l’arène électorale, le parti Koulanou (Nous tous) de Moshé Kahlon, qui devait emporter un vrai succès en obtenant dix sièges. Moshé Kahlon, qui a démissionné du Likoud, dispose en effet d’une popularité basée sur son action au ministère des communications, où il a réussi à faire baisser le prix du téléphone portable grâce à une concurrence accrue. Il fonde du reste tout son programme sur ce type d’interventions : la défense du pouvoir d’achat par une baisse du prix des biens et des services en renforçant la concurrence (pour les frais bancaires par exemple).

En fait, cette émergence des centres a des racines plus profondes. Nombre de tentatives de constituer un grand parti centriste avaient souvent échoué dans le passé. Mais depuis la deuxième Intifada (2000-2005), les partis centristes ont su occuper une place déterminante sur l’échiquier politique israélien. Cette période sanglante (plus de trois mille morts chez les Palestiniens et plus de 1 000 chez les Israéliens dans une vague d’attentats sans précédent) a largement invalidé le discours dominant à droite comme à gauche. A gauche, le discours sur le caractère raisonnable des accords d’Oslo ne pouvait plus fonctionner à l’heure où des bombes explosaient dans tout le pays, et où il apparaissait nettement que les Palestiniens ne voulaient plus seulement leur indépendance, mais aussi une inversion de la narration des évènements les décrivant comme les seules victimes du conflit : les Palestiniens veulent gagner non seulement un Etat, mais aussi une légitimité historique exclusive. Logiquement, la droite a bénéficié de cette évolution. Mais son discours a aussi été invalidé : la droite ne peut plus prétendre que la force peut contraindre les Palestiniens à renoncer. Du reste, la droite n’a jamais expliqué clairement ce qu’elle compte faire des territoires palestiniens – les annexer ou non – et de leur population. Car intégrer les Palestiniens dans un Etat binational reviendrait à renoncer au caractère juif de l’Etat : compte tenu de la démographie, la population arabe y serait majoritaire. Ce sentiment de blocage aussi bien avec une politique de gauche qu’avec une politique de droite est perceptible dans les sondages, les Israéliens exprimant leur sentiment qu’il ne faut attendre aucune avancée d’une reprise des négociations de paix.

Dans ce contexte, les partis centristes ont su s’imposer. On notera ainsi que c’est un gouvernement dirigé par un parti du centre, Kadima, avec Ariel Sharon comme Premier ministre et composé de dissidents du Likoud et du Parti travailliste, qui réussit à opérer l’évacuation de Gaza en 2005. L’absence de toute avancée du processus de paix depuis cette date explique largement le fait que les partis du centre préfèrent axer leurs campagnes sur les questions économique et sociales. Et de fait, les partis centristes ont imposé en tête de l’agenda politique, on l’a noté, la question de la défense du pouvoir d’achat. Un spot publicitaire de Moshé Kahlon popularisait cette priorité avec une question : « Combien de fois avez-vous reçu un appel de la Maison Blanche ? Combien de fois avez-vous reçu un appel de la banque ? »[4]. C’est dire si la question sociale était en concurrence avec celle de la sécurité.

La question de la sécurité

Pendant la campagne, la question sociale fut assez négligée par les formations de droite, le Likoud, en particulier, suggérant que l’emploi et le pouvoir d’achat étaient garantis par les bons résultats économiques obtenus par le gouvernement sortant. Les partis de droite donnèrent la priorité aux questions de sécurité, le Camp sioniste se contentant de plaider pour un retour à de bonnes relations avec les Etats-Unis et en faveur de la formation d’une coalition régionale et internationale contre le terrorisme … louables intentions au regard d’une inquiétante situation sur le terrain que le Likoud ne manquait pas de souligner. La droite israélienne mettait en avant deux menaces. D’abord la menace iranienne. Binyamin Netanyahou ne cessa de marteler le risque que représente pour Israël la perspective que l’Iran devienne une puissance nucléaire. Il condamnait les négociations engagées entre Téhéran et les puissances occidentales et ira même défendre ce point de vue devant le Congrès américain deux semaines avant les élections. Ce discours, prononcé à l’invitation du président républicain du Sénat américain, soulèvera la colère de la Maison blanche. Barak Obama ira jusqu’à refuser de recevoir le Premier ministre israélien … ce qui ne le dérangeait nullement, Binyamin Netanyahou aimant se présenter comme celui qui tient tête au président américain. Ce dernier est en effet largement perçu par le public israélien comme le premier président des Etats-Unis trahissant les intérêts israéliens. Binyamin Netanyahou mettait aussi en avant les progrès du fondamentalisme dans la région, et la menace représentée par Daesh, « à quelques kilomètres de Tel-Aviv ». Le Premier ministre sortant s’appuyant sur le fait que l’organisation terroriste est déjà présente sur le Golan, déclarait que celle-ci pourrait s’installer en Cisjordanie … si l’armée israélienne évacuait la rive occidentale du Jourdain.

Binyamin Netanyahou ira encore plus loin en déclarant qu’il faut défendre la vie avant le niveau de vie, raccourci saisissant qui s’avérera opérant. Car, au-delà des discours, les Israéliens ont vécu moins d’un an avant les élections une nouvelle guerre contre le Hamas à Gaza qui a marqué les esprits de deux façons. D’une part, le renforcement de l’arsenal des islamistes a fait que ce n’était plus seulement les localités israéliennes voisines de Gaza qui étaient visées mais également les grands centres urbains de Beer Sheva et de Tel-Aviv. D’autre part, l’issue de l’opération « barrière protectrice » avait un air de déjà-vu (une semi-victoire comme lors de l’opération « plomb durci ») suggérant qu’une guerre de ce type ne manquerait pas de se reproduire.

Dans ce contexte d’instabilité, Binyamin Netanyahou devait sans difficulté se présenter comme le meilleur garant de la sécurité des Israéliens : dans un spot électoral humoristique, il se présentait comme le baby sitter sur lequel des parents pouvaient compter alors que ‘Tsipi’ (Tsipi Livni venue de la droite pour se situer désormais au centre-gauche), ne présentait aucune garantie de sérieux. Au cours des nombreuses interviews données pendant les trois jours qui précédaient le scrutin, Binyamin Netanyahou rappela avec insistance les dangers encourus par Israël dans un Moyen-Orient où se multiplient les conflits, où l’Etat islamique jalonne Israël au Sud, al-Qaïda au Nord-Est, le Hezbollah et l’Iran sur toute la frontière Nord. Il alla plus loin en déclarant que désormais la solution à deux Etats – qu’il avait pourtant soutenue lors d’un discours important à l’université Bar Ilan en 2009 – n’était plus d’actualité. Parallèlement, il soulignait les attentes des Etats-Unis et des pays européens, pressés d’en finir avec son gouvernement, et le soutien financier apporté à des organisations de gauche pour le faire tomber. Une organisation en particulier, V15 [5], formée par deux jeunes militants avec des financements étrangers, pour mobiliser les électeurs du centre et de la gauche indécis, faisait particulièrement l’objet des critiques du chef de la droite. En clair, la sécurité d’Israël était menacée à la fois par l’ennemi intérieur, la gauche antisioniste soutenue par des Etats étrangers, et l’ennemi extérieur où dominent les islamistes. Toute la stratégie de Binyamin Netanyahou se fondait sur cette volonté de ruiner la crédibilité de la gauche assimilée aux ennemis d’Israël. C’est ainsi qu’en pleine campagne électorale, il déclencha une violente polémique en voulant mettre fin à la présence dans le jury qui décerne chaque année les « prix Israël » à l’occasion de la fête de l’indépendance, de personnalités de gauche qualifiées d’ « antisionistes » : « Cette situation, dans laquelle un petit groupe fermé aux vues extrémistes se passe le relais de main en main et protège son contrôle sur l’attribution du Prix Israël doit être changée, parce que le Prix Israël appartient à tout le peuple d’Israël… et doit représenter tous les éléments de la nation. » Fustigé par les médias, le Premier ministre devra revenir sur cette décision. Le sommet du nationalisme dans la campagne fut atteint le jour du vote où, dans un message vidéo publié sur sa page facebook, Binyamin Netanyahou alerta ses partisans : « Le pouvoir de droite est en danger, les électeurs arabes se rendent massivement aux urnes. Les associations de gauche les emmènent voter en remplissant des autocars », accusa-t-il. « Amenez voter vos proches, vos amis, pour combler l’écart entre nous et le Parti travailliste ». Cette dramatisation atteint ses objectifs, poussant dans les dernières heures du scrutin des électeurs de droite à se mobiliser dans des proportions inhabituelles [6]. Parallèlement, cela concourut à opérer un transfert des voix d’extrême droite vers le Likoud : le parti Baït ha Yehoudi (Foyer juif) de Naftali Benett passa ainsi de 12 à 8 sièges et Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman de 13 à 6 mandats. Pour gagner, Binyamin Netanyahou n’avait pas hésité à solliciter l’identité juive de ses électeurs en jouant sur leurs sentiments anti-arabes. On observera à cet égard que pour prévenir toute assimilation aux ennemis d’Israël, le Parti travailliste avait choisi pour son union avec le petit parti de Tsipi Livini le nom de « Camp sioniste ». En effet, depuis des décennies, la droite se présentait comme le « camp national », ce qui suggérait que la gauche était ‘antinationale’. En d’autres termes, sans être affichée comme telle, la question de l’identité était toujours sous-jacente.

Le motif inavoué : la question de l’identité

La question de l’identité israélienne est souvent masquée par les différences ethniques et culturelles qui perdurent et conditionnent en grande partie le choix des électeurs.

Vote ethnique

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la population d’Israël a beaucoup évolué sous l’effet de la grande alya (vague d’immigration) venue de l’ex-Union soviétique. S’ajoutant aux ‘Russes’ déjà présents dans le pays, c’est près d’un million de russophones que compte désormais l’Etat d’Israël. Cela ne devait pas être sans conséquence politique. Un parti ‘russe’ Israël be Alya (Israël par l’alya) réussit à faire élire jusqu’à sept députés (en 1996) et fit émerger des personnalités politiques de premier plan : Nathan Sharanski plusieurs fois ministre et actuel président de l’Agence juive, et Youli Edelstein, lui aussi ancien ministre et actuel président de la Knesset. Le parti finit par disparaitre en fusionnant avec le Likoud, traduisant une double réalité politique. D’une part, une certaine banalisation du vote russe. D’autre part, un ancrage à droite de cet électorat, conservateur sur le plan des valeurs et se défiant de tout ce qui ressemble au socialisme. La disparition de Israël Be Alya, devait dégager la voie pour la constitution en 1999 du parti Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman, originaire de Moldavie et transfuge du Likoud qui entendait capter cet électorat, et y réussit en partie. Le 17 mars 2015, les études montraient qu’Israël Beitenou avait encore bénéficié du tiers des voix des électeurs russophones. Mais toutes les études montrent aussi le déclin inéluctable de cet électorat désormais réduit au public des primo-arrivants qui se vivent encore comme ‘Russes’, tandis que leurs enfants sont totalement intégrés à la société israélienne et votent comme les autres Israéliens. On observe néanmoins le maintien de cet électorat à droite, dont les partis auraient recueilli encore 75 % des voix.

Le vote ethnique emporte des conséquences plus importantes s’agissant des Séfarades qui représentent environ la moitié de la population juive du pays. Entre la gauche et les Séfarades, le contentieux est ancien. La gauche, qui a dominé la vie politique du pays jusqu’en 1977, est accusée d’avoir méprisé les Juifs venant des pays arabes dans les années cinquante et soixante, de les avoir traités comme des citoyens de seconde zone, les confinant dans des travaux d’exécution, dans des villes et des quartiers de ce qu’on appelle aujourd’hui – terme significatif - la « périphérie », et d’avoir ridiculisé leurs coutumes. Ce « Second Israël » devait cultiver une volonté de revanche qui fut décisive dans la victoire de la droite en 1977, date à partir de laquelle, elle a exercé le pouvoir quasiment sans discontinuer, à l’exception des années 1992-1995 après la victoire d’Itzak Rabin et 1999-2001 avec l’élection d’Ehoud Barak. L’ancrage à droite du vote des Séfarades a donc joué un rôle décisif dans l’évolution politique du pays [7].

Dans le monde religieux, l’importance de cet électorat s’est traduite par la constitution du parti Shas qui a compté jusqu’à 17 députés (en 1999). Ce parti, servi par des personnalités de premier plan, son mentor, le grand rabbin Ovadia Yossef (décédé en 2013) et le politicien surdoué Arié Deri, n’a réussi à faire élire que 7 députés le 17 mars 2015, en raison, on l’a vu, de la concurrence d’une autre parti se réclamant de la même tradition, Yahad. Mais la disparition de celui-ci de la représentation parlementaire, devrait permettre à Shas de faire élire lors des prochaines échéances une dizaine de députés, ce qui correspond à son niveau d’étiage. On notera qu’à la différence de son homologue chez les ultra-orthodoxes ashkénazes (le parti Yaadout a Thora qui a fait élire six députés), Shas ne privilégie pas les questions religieuses dans ses campagnes. Le parti joue plutôt sur la fibre ethnique. Ainsi, en 2015, Ari Deri devait-il faire campagne en utilisant son deuxième prénom – Mahlouf – très connoté comme judéo-arabe, et mettre en avant cette identité : « Quand on est séfarade, on vote séfarade ! ». Plus encore, la propagande du parti, dans la dernière phase de la campagne surtout, était délibérément ciblée sur les questions identitaires, soulignant que : « Les ‘transparents’ sont les Mizrahim [Orientaux, Juifs originaires des pays arabes] qui ne peuvent pénétrer le plafond de l’arrogance, qui voient qu’il n’y a pas assez de juges mizrahi, de professeurs mizrahi. Aujourd’hui, ce n’est que dans les prisons qu’il y a plus de Mizrahim que d’Ashkénazes [Juifs européens] ! … Nos enfants ne seront pas mécaniciens automobile ! » Avec cette dernière remarque, on note très clairement que le vote ethnique est également lié à l’appartenance sociale. Autrement dit, il s’agit aussi d’un vote de classe au caractère assez paradoxal, puisque les pauvres votent à droite.

Vote de classe inversé

A Tel Aviv, ville majoritairement ashkénaze, plutôt riche, avec une population disposant d’un niveau d’éducation supérieur à la moyenne, le Camp sioniste l’a emporté avec 34 % des voix, en atteignant ses scores maximaux dans le centre et le nord de la ville, soit dans les quartiers les plus favorisés. Dans le quartier de Ramat Aviv (l’équivalent du XVIème arrondissement pour Paris), le Camp sioniste dépassait ainsi le Likoud de 30 points dans de nombreux bureaux de vote. Mais dans les quartiers pauvres du sud-est de la ville, les chiffres étaient inversés.

Dans le même ordre d’idées, à Herzlia, au Nord de Tel-Aviv, capitale de la high tech, le camp sioniste l’a emporté partout sauf dans deux quartiers peuplé de Juifs orientaux.

Le même schéma a fonctionné à l’envers dans une ville comme Beer-Shev’a, capitale du Néguev ou les électeurs orientaux ont assuré la victoire du Likoud, et les russophones celle de Israël Beitenou dans un quartier sud. Mais juste à côté, dans la ville d’Omer, où la population majoritairement ashkénaze dispose d’un revenu pratiquement double de celui de la moyenne du pays, la gauche a gagné.

Cette fracture territoriale est visible dans l’ensemble du pays, où dans la « périphérie », particulièrement dans les villes de développement – ces localités créées de toute pièce dans les années cinquante et soixante pour accueillir les prolétaires juifs venus des pays arabes - la droite, et Shas, ont réalisé de très bons scores.

Cette situation est renforcée par les différences des taux de participation. Ainsi à Tel-Aviv, celui n’a été que de 65 %, soit 7 point de moins que la moyenne nationale, témoignant d’une plus faible mobilisation de l’électorat de gauche. Alors que dans les grandes colonies de Cisjordanie, qui ont fait un triomphe au Likoud et à Baït ha Yehudi, le taux de participation dépassait souvent les 80 %.

De telles différences sont également explicables par la révolution culturelle qu’a connue Israël au cours des dernières décennies au plus grand bénéfice de la droite.

La gauche dépassée

La deuxième Intifada a provoqué dans le pays un sursaut de nationalisme qui ne se limite plus au public des colonies. Sans cela, on ne pourrait expliquer les succès enregistrés au cours des élections passées par des partis comme Israël Beitenou et Baït ha Yehudi. Plus encore, le public israélien, jusque-là très réservé sur la colonisation de la « Judée-Samarie » selon la terminologie employée par les partisans de la construction dans ces localités, est désormais plus sensible aux arguments développés de l’autre côté de la Ligne verte (les frontières de 1967) : si les Palestiniens se contentaient d’un Etat à Gaza et en Cisjordanie, pourquoi iraient-ils commettre des attentats à Tel-Aviv et Haïfa ? L’évacuation de Gaza en 2005 par l’armée israélienne et le démantèlement de toutes les colonies juives ayant renforcé les attaques de missiles du Hamas contre les localités israéliennes, a ravivé la crainte que l’évacuation du la Cisjordanie produise les mêmes effets à plus grande échelle.

Ce regain de nationalisme n’est que l’une des deux dimensions du renforcement de l’identité juive dans la population. L’autre dimension tient à une tendance de fond de la société israélienne : une pratique religieuse plus intense. D’une part pour des raisons démographiques. Les ultra-orthodoxes, où les familles de dix enfants ne sont pas rares, représentent désormais plus de 10 % de la population, et encore beaucoup plus chez les enfants et les adolescents. Cette population, acquise aux partis ultra-orthodoxes qui font alliance avec la droite, ‘plombe’ les scores de la gauche, quelles que soient ses positions. D’autre part, dans les autres secteurs de la population, la religion a conquis une place plus grande, au niveau de la pratique, mais surtout au niveau de l’attachement manifesté à la tradition. Cette tendance n’est pas facile à décrypter. Si environ 75 % des Israéliens sont juifs, leur pratique se situe à des degrés très divers. Pour simplifier, il y a un quart de stricts pratiquants (se partageant pour moitié entre ultra-orthodoxes et sionistes religieux) ; un quart de traditionnalistes attachés à la pratique (respect de la cacherout, du shabbat et des fêtes), un autre quart moins traditionnaliste (respect des principales fêtes), et un quart d’athées qui disent ne rien faire du point de vue religieux. Notons tout de même que la plupart de ces derniers font circoncire leurs garçons (Spinoza pensait que cela suffisait à assurer la pérennité du peuple juif), et se marient à la synagogue [8]. En d’autres termes, contrairement à une légende complaisamment répandue dans les milieux religieux, les Israéliens laïcs, dans leur immense majorité, ne sont pas des « goyim qui parlent hébreu », et restent attachés à quelques pratiques religieuses.

Bien évidemment, cet attachement à la tradition est plus grand et plus manifeste dans les secteurs pauvres de la population, ce petit peuple séfarade où la religion est la seule richesse. C’est précisément ce qu’une partie de la gauche n’a pas compris ou pas voulu comprendre. Au cours d’un grand rassemblement tenu par les partis de gauche à Tel-Aviv dix jours avant le vote, un artiste-peintre, ancien membre d’un kibboutz, Yair Garbuz, a mis en cause les « adorateurs d’amulettes » et ceux qui « se prosternent sur la tombe des Saints ». Cette référence transparente et caricaturale aux Juifs séfarades croyants, a très certainement coûté des voix à la gauche. Du reste, Tsipi Livni, et Itzak Herzog devaient le reconnaître, en condamnant ces propos pour déclarer qu’ils étaient eux-mêmes croyants et traditionnalistes et qu’il ne fallait pas heurter les sentiments religieux. Mais ils le firent au lendemain des élections, alors que le mal était fait … Du reste le discours de Yaïr Garbuz reprenait le même thème que celui déjà utilisé en 1981 par une vedette de la télévision, Doudou Topaz (né Goldenberg), qui avait utilisé un terme péjoratif pour parler des Juifs orientaux, ôtant au leader travailliste de l’époque, Shimon Peres, de précieuses voix dans un scrutin dont les résultats furent serrés. Le contentieux entre la gauche, ou du moins entre une certaine gauche élitiste et la population séfarade est donc ancien et persistant.

Pour retrouver les faveurs du public, la gauche devra donc accomplir une double révolution. Au niveau du discours, elle devra clairement se démarquer des déclarations discréditant la population la plus pauvre. C’est ce qu’avait compris Ehoud Barak, qui en commençant sa campagne devant le conduire à la victoire en 1999, s’était rendu dans une ville de développement pour demander « pardon » à ses habitants. Les propos soulevèrent une polémique … mais neutralisèrent tout discours en sens inverse pour le plus grand bien du candidat de la gauche. Il faudra également que la gauche renoue avec le militantisme dans les quartiers et les villes populaires. Un jeune député travailliste, Itzik Shmouli, originaire d’une ville populaire, Lod, et ancien président de l’Association nationale des étudiants, et à ce titre un des leaders du mouvement social de l’été 2011, a raconté après les élections que le Camp sioniste avait refusé sa proposition de mettre en place une structure spécifique pour mener la campagne dans ces quartiers.

Il faudra également que la gauche résolve son problème de leadership. En formant une coalition avec Tsipi Livni, Itzhak Herzog avait accepté un « accord de rotation » selon lequel il céderait le fauteuil de Premier ministre à son alliée à mi-mandat. Finalement, Tsipi Livni renonça à cette exigence deux jours avant le scrutin. Cela ne couta pas la victoire à l’alliance de centre-gauche, mais soulignait la faiblesse de son leadership. A l’avenir, il faudra qu’Itzhak Herzog, que le public crédite d’une certaine intelligence, affirme plus sa capacité de décision, son aptitude à résister aux pressions internationales. En clair, comme tous les dirigeants de gauche dans le monde, il faudra qu’Itzhak Herzog soit hors d’atteinte d’un procès en angélisme et présente des cautions en matière de sécurité. On notera à cet égard que les deux seuls dirigeants qui ont réussi à faire gagner la gauche depuis 1977, Itzhak Rabin et Ehoud Barak, étaient d’anciens chefs d’Etat-major.

Une droite victorieuse mais isolée

Binyamin Netanyahou n’a pas ce problème. Il a construit son personnage comme celui d’un homme fort, capable de tenir tête aux ennemis du pays et même à ses amis. Plus encore, il procède par amalgame afin de discréditer ses adversaires politiques. Pour gagner, Binyamin Netanyahou n’a pas hésité à utiliser deux types d’arguments qui contribuent à son isolement sur la scène internationale. D’abord ses propos sur les Arabes israéliens se rendant en masse aux urnes furent interprétés comme racistes. Le président Barack Obama les qualifia de « contraires à la plus pure tradition israélienne ». Du reste, quelques jours après les élections, recevant des dignitaires arabes dans sa résidence officielle, Binyamin Netanyahou leur présenta ses excuses : « Je sais que mes déclarations la semaine dernière ont offensé certains citoyens israéliens et des membres de la communauté des Arabes israéliens. Cela n'a jamais été mon intention. Je présente mes excuses pour cela ».

Plus encore, ses déclarations quelques jours avant le scrutin sur la fin de la solution à deux Etats (« établir aujourd'hui un Etat palestinien et évacuer des territoires offrirait des bases d'attaque à l'islam radical contre l'Etat d'Israël ») devaient provoquer l’ire du président américain et des dirigeants européens. Ici aussi, dans une interview donnée à la chaine américaine NBC quelques jours après le scrutin, il devait faire machine arrière à l’égard de ce qui est certainement sa conviction intime, en déclarant « être toujours favorable à la solution de deux États pour deux peuples vivant en paix et en sécurité », tout en ajoutant que les conditions pour parvenir à un accord avaient changé.

Il n’empêche. Après les élections du 17 mars 2015, le gouvernement israélien est plus que jamais isolé sur la scène internationale, alors que les inquiétudes nées de l’accord international sur le nucléaire iranien justifieraient un renforcement des liens entre l’Etat juif et les puissances occidentales. Israël se retrouve ainsi dans cette situation pas inédite mais inquiétante, où, en dépit des menaces contre sa sécurité tant au nord qu’au sud du pays, il fait face à une grande défiance de la part de ses partenaires américains et européens.

Au total, le scrutin du 17 mars 2015 a reproduit jusqu’à la caricature l’originalité du rapport de forces électoral en Israël, où les riches votent à gauche et les pauvres à droite. Ces élections ont aussi confirmé les racines profondes de ce paradoxe apparent : le maintien d’une grande frustration dans de de larges secteurs de la population, chez les Séfarades pauvres, et à un moindre degré dans la population russophone. Ce schéma a particulièrement fonctionné cette fois-ci, en raison du contexte régional, de la menace iranienne et de la présence aux frontières d’Israël de groupes terroristes qui ont désormais la dimension d’armées bien équipées (le Hamas, le Hezbollah et Daesh). De ce fait, la question de la sécurité a supplanté la question sociale chez les électeurs indécis, qui in fine, ont préféré reconduire le Premier ministre sortant, malgré tout ce qu’ils pouvaient lui reprocher : une certaine insensibilité à l’égard des plus démunis, et une arrogance qu’il ne cherche même pas à masquer [9]. Il est vrai que le savoir-faire du Premier ministre israélien est incontestable. Il sait créer dans l’esprit du public l’amalgame entre les ennemis d’Israël et ceux qui contestent sa politique à l’extérieur comme à l’intérieur. A la différence d’une gauche coupée des classes populaires depuis longtemps, Binyamin Netanyahou sait comment faire vibrer l’identité israélienne, défendant la judéité de l’Etat et la tradition juive contre leurs détracteurs réels ou supposés. C’était là cette alchimie secrète qui a permis à Bibi, le magicien, de l’emporter à nouveau.

[1] Voir l’intéressant témoignage de deux journalistes de la télévision israélienne dans le journal en ligne de la communauté juive américaine, Tablet, du 7 avril 2015, How Netanyaou used television to win.

[2] Officiellement, le Parti communiste, Hadash, est un parti mixte judéo-arabe. Il compte en effet toujours un député juif dans son groupe parlementaire. Mais son électorat est depuis longtemps quasiment exclusivement composé d’Arabes.

[3] En Israël, le leader du groupe parlementaire d’opposition le plus important est chef de l’opposition et dispose à ce titre d’une reconnaissance officielle et d’un certain nombre de moyens mis à sa disposition par l’Etat.

[4] Les Israéliens sont très souvent à découvert sur leurs comptes bancaires.

[5] Voir l’article du magazine en ligne Times of Israel du 11 février 2015, La stratégie de V15 pour déloger Netanyahou.

[6] Cette mobilisation de dernière heure explique en partie les erreurs commises dans les sondages sorties des urnes qui se terminent à 20 heures, alors que le vote est clos à 22h00. Les fausses déclarations, intentionnelles, s’agissant d’un public se méfiant des médias qui seraient tenus par la gauche, eurent également leur part.

[7] Sur ces questions, voit notre ouvrage Les Juifs et la droite (Editions Pascal, 2010).

[8] Un sondage réalisé pour Kippour 5774 (septembre 2013) en Israël par l'organisation Bina montre que la grande majorité des Israéliens jeûnent pendant Kippour, et que parmi ceux qui jeûnent, il y a de nombreux Israéliens qui se définissent comme laïcs (hilonim). En analysant ce sondage il ressort que « la grande majorité choisit de jeûner pour des raisons non religieuses, mais liées à la culture, à la tradition et par identification avec le reste du peuple juif ».

[9] Sur ce qui a pu se passer « dans la tête d’un électeur de droite », voir la tribune publiée sous ce titre dans Libération du 24 mars 2015 par l’un des écrivains israéliens les plus importants, A. B. Yehoshua.

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