J-30 avant la publication de mon livre "Israël et ses conflits" (Le Bord de l'Eau)

J-30 : mon livre "Israël et ses conflits"

Bonjour,

Voici un premier extrait (le début de l'introduction) de mon livre "Israël ses conflits" (aux éditions Le Bord de l'Eau) qui sera en librairie le 15 septembre prochain.

"Chaque année en Israël, quelques jours après la fin de la Pâque juive (Pessah), se déroule une semaine très particulière. Elle commence par le Jour de la Shoa (Yom ha Shoa), qui commémore la mémoire des six millions de Juifs exterminés par les Nazis, et se termine par le Jour de l’Indépendance (Yom ha Atsmaout) qui célèbre la naissance de l’État en 1948. La fête nationale, jeune, joyeuse et colorée commence immédiatement après la clôture du Jour du Souvenir (Yom ha Zikaron) consacré à la mémoire des dizaines de milliers de soldats tombés pendant les guerres d’Israël et des milliers de victimes du terrorisme. Loin d’être limitées à des cérémonies offi- cielles pour les notables, les commémorations de Yom ha Shoa et de Yom ha Zikaron unissent toutes les générations. Il faut avoir participé aux cérémonies tenues dans une enceinte universitaire, où après la minute de silence et les discours du (de la) président(e) de l’Établissement et du (de la) président(e) de l’Association des étudiants, ces derniers et les enseignants se lèvent afin d’entonner l’hymne national (Hatikva), pour être persuadé que, décidément, Israël n’est pas un pays comme les autres. Dans quel autre pays des étudiants participent-ils à de tels rassemblements ? Plus encore, les discours font très souvent référence à des souvenirs personnels : la guerre à laquelle a participé l’orateur(trice), le parent disparu dans la Shoa… Car, en Israël, l’Histoire du pays n’est pas seulement un sujet d’étude. Soixante-dix ans après la création de l’État, c’est encore un objet vivant pour chaque Israélien. Pour le meilleur – la vie dans un État juif après deux mille ans – comme pour le pire : les guerres, le terrorisme. Les débats sur l’Histoire du pays ont pour chaque Israélien une dimension personnelle. Mais la vie en Israël s’écrit d’abord au présent. Désormais à l’abri de la barrière de séparation, le fameux mur, Israël vit ses paradoxes. Israël est tout à la fois le paradis de la haute technologie et un champion du monde des inégalités ; le seul État démocratique du Proche-Orient mais où les discriminations sont fréquentes à l’égard de nombre de citoyens ; un pays jeune mais que les jeunes quittent facilement pour réaliser leurs rêves à Berlin, Londres ou New York… Décidément, la potion magique israélienne comporte de bien mystérieux ingrédients. Cette alchimie particulière conduit Israël à renforcer sans cesse sa carapace au prix d’un fractionnement de la société, d’une incapacité à résoudre le conflit avec les Palestiniens, et d’un isolement croissant sur la scène internationale. L’analyse ne peut pas non plus se contenter du volet externe de la crise israélienne. Il faut également déceler les facteurs de blocage d’une société soumise aux pressions contradictoires des classes sociales et des communautés qui la composent, sous l’empire d’un système politique qui encourage tous les excès. On doit également prendre en compte ce qui se joue en dehors du cercle de la raison, et d’abord le messianisme à l’œuvre dans la société juive. Soulever ces questions conduit à s’interroger sur l’avenir d’Israël, la faisabilité de la solution à deux États, l’hypothèse de l’État binational ou la pertinence du statu quo. Ces questions sont rarement débattues en Occident, surtout dans les communautés juives où fonctionne à plein le souci de « ne pas apporter de l’eau au moulin de l’adversaire ». Tout autre est la situation en Israël. Loin des tabous et des censeurs de la diaspora, les Israéliens considèrent le débat sur l’avenir de l’État juif comme légitime ..."

NB : Je serai en France pour la promotion de cet ouvrage du 7 septembre au 18 octobre, et suis très preneur de toute idée pour cela.